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ipsm@resist.ca
MONTRÉAL- Jeudi le 6 janvier 2005 vers environ 13h00, sept membres du
mouvement de solidarité avec les peuples autochtones (IPSM) ont payé une visite
surprise au bureau du ministre de la sécurité publique du Québec Jacques Chagnon afin
de lui présenter une lettre (ci-dessous) et arranger une rencontre en personne
avec lui. La demande de la délégation était d’assurer que la Sûreté du Québec (SQ)
cesse ses interventions dans les affaires internes, souveraines de la nation Mohawk
Kanienkehaka ainsi que de la communauté de Kanehsatake.

Le 9 janvier marque le début d’une période de six semaines de campagne
électorale pour les élections de Kanehsatake, unilatéralement appelées par l’ex grand
chef James Gabriel, en vue du 19 février 2005. Gabriel a publiquement affirmé
qu’il y emmènerait son corps de police Mohawk de Kanehsatake (PMK) qui est
politiquement biaisé, afin « d’assurer sa sécurité » pendant la campagne. IPSM a voulu
mettre au clair avec le ministre qu’une intervention de la SQ en renfort pour la
PMK, ne serait pas appuyée par les non autochtones et qu’elle provoquerait de fortes
contestations.

Initialement, la réceptionniste au bureau de M. Chagnon informa la
délégation que celui-ci était absent, mais après avoir été informée que la délégation
était prête à attendre toute la journée, une rencontre fût rapidement arrangée pour les
représentants d’IPSM avec le député ministre de la sécurité publique,
Sébastien Lachaîne. À l’intérieur de 15 minutes, la rencontre débutait. Lachaîne
affirma que Jacques Chagnon était en vacances à Québec à ce moment, mais qu’il était
lui-même au courant du dossier de Kanehsatake.

Pour un homme ayant travaillé sur le dossier, Lachaîne semblait en savoir
bien peu sur les plans concrets de la SQ dans la réelle possibilité qu’ils soient
demandés d’aider Gabriel à bousculer la PMK dans la communauté de Kanehsatake. La
déléguation a mis l’emphase sur leur support de l’intention de la communauté à rejeter
ce corps de police non-professionel et politiquement biaisé, et a clairement
affirmé que le ministère serait tenu personellement responsable dans l’éventualité que des
conséquences prévisibles et dangereuses survenaient. Alors que Lachaîne
mentionait qu’il était « sûr à 99% que rien n’allait arriver », il n’était néanmoins
pas prêt à mettre cette assurance sur papier. Il prôna que la SQ est neutre et qu’elle
n’interfèrerait pas d’une manière ou d’une autre. Lorsque directement
questionné : « Est-ce que la SQ prendrait le côté de la communauté ou
celui de la PMK si un conflit émergeait ? », Lachaîne devint épineux et refusa de
répondre. C’est un grand « SI » a-t-il dit.

Apparament que la SQ ne planifie pas pour des « SI » et même quand elle le
fait, le ministère n’est pas au courant des détails opérationnels. Lorsque
confronté avec l’implication controversée de Mike Harris dans les détails opérationnels
de l’assaut de la police provinciale ontarienne à Ipperwash, Lachaîne réitéra que le
ministère de la sécurité publique du Québec est un parti neutre, intéressé à la paix
et la tranquilité seulement, balbutiant qu’ « on n’est pas du bord de personne
». Cet assaut avait conduit au meutre de Dudley Georges.

Pourtant, le ministère de la sécurité publique du Québec a bel et bien
pris parti lorsqu’il signa l’Entente Tripartite Policière de Kanehsatake (ETP)- un
marché solidifiant le contrôle de Gabriel sur le personnel de police, dissolvant
ainsi la commission de police de la communauté en faveur de celle choisie
uniquement par Gabriel. Le poids de Québec est avec Gabriel et maintenant, toute opération
policière est sujète à l’autorité du ministère. Alors que Lachaîne tentait
d’informer la déléguation que l’ETP avait reçu le consentement d’une
majorité du conseil de bande (Gabriel et ses trois cohortes), celle-ci pointa au fait
que trois autres membres du conseil, proprement élus, avaient été écartés de
l’entente, en plus que la communauté n’avait pas été informée ni consultée comme
condition requise pour une telle entente. Si c’était quelque chose que la communauté
souhaitait, pourquoi cette entente fût-elle alors signée en secret
derrière un mur de 50 policiers anti-émeute à Laval?

En réponse aux accusations par rapport à la surveillance non-constitutionelle de
toute la communauté de Kanehsatake, Lachaîne répondit qu’il y a plusieurs
aspects des opérations quotidiennes de la SQ que le ministère de la sécurité
publique n’est pas au courant. Ceci voulant impliquer que le ministre de la sécurité
publique ne peut pas être tenu responsable des actions entrepris par la SQ.

Lachaîne a toutefois reconnu qu’une fois que ces actions sont enclenchées,
son bureau a le pouvoir d’intervenir; comme par exemple celui-ci pourrait
donner l’ordre de retirer toutes les caméras de surveillance découvertes dans la
communauté. Plus important, la déléguation transforma la tactique de diversion de Lachaîne en
controverse en forçant celui-ci à avouer que l’ordre d’envahir Kanehsatake
devrait en fait venir du ministre de la sécurité publique.

Lachaîne avoua que Gabriel et son corps de police sont de nature plutôt
volatile et fantasque en relatant la paranoïa de Gabriel à retourner dans la
communauté, les nombreuses rencontres manquées entre la PMK et la SQ, ainsi que les actions
policières autonomes et non-supportées. Il pointa au fait qu’à ce jour,
Gabriel vit à Kanehsatake sans menace à sa personne.

Vers la fin de la rencontre, la déléguation insista pour arranger une
rencontre avec Chagnon. Lorsque Lachaîne affirma qu’il lui était impossible de contacter
Chagnon ou sa secrétaire, la déléguation l’avisa qu’elle s’attendait à recevoir des
nouvelles de lui dans le prochain jour ou deux. Il dit qu’il informerait la
personne-ressource pour une date et heure de rencontre potentiellement le vendredi 7 janvier.
Si IPSM n’a pas reçu de ses nouvelles comme promis, le ministère pourra s’attendre à
reçevoir une autre visite.

Pour être impliqu(é)e dans la prochaine déléguation, contactez :
ipsm at resist.ca

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À l’attention du ministre Jacques Chagnon

Nous, soussignéEs résidentEs du Québec, vous écrivons en ces jours finaux
menant aux six semaines de campagne électorale à Kanehsatake afin d’être assuréEs que
votre ministère n’autorisera pas l’usage quelconque de la Sûreté du Québec (SQ)
pour aider James Gabriel à imposer sa volonté sur les désirs de la majorité de la
communauté. Une telle action du gouvernement du Québec, par conséquent des gens, sera
à juste titre interprétée comme un coup policier sur les élections et le corps
policier Mohawk de Kanehsatake, menaçant non seulement la sécurité des Mohawks de
Kanehsatake, mais aussi celle du public québécois.

Vous pouvez être assuré de devoir faire face à une opposition politique à
travers le Canada dans l’éventualité où vous décideriez d’utiliser la force dans
cette «affaire politique, non criminelle ». C’est avec beaucoup de regrets que nous nous
trouvons si incertainEs et craintif(ve)s de votre ligne de conduite. Durant la
dernière année, votre interférence dans la communauté de Kanehsatake fut
perturbatrice, opportuniste et imprévisible.

Au début de ce conflit en janvier 2004, nous appuyions votre jugement et étions
d’accord avec l’entente de désescalade du 13 janvier. Pour un bref moment,
nous avions espoir de voir le début d’une nouvelle époque des relations
Québec/autochtones plus matures et moins racistes.Ces espoirs fûrent
rapidement anéantis lorsque vous vous êtes donné bien du mal afin de dire que vous
reconnaissiez James Gabriel comme seule figure d’autorité légitime de
Kanehsatake.

Pourquoi le 16 mars 2004 avez-vous ressenti qu’il était nécessaire de
signer la nouvelle entente tripartite policière derrière un mur de 50 policiers
anti-émeute de Laval et de la SQ ? Est-ce parce que vous saviez que vous étiez en train
de violer le Mémorandum de Compréhension pour les négociations signées avec les
Mohawks de Kanehsatake ? Manifestement, une entente tripartite signée sans le
consentement de trois membres du conseil de bande dûment élus, ou le support de la communauté ne va
pas sans causer d’hostilités. Pensiez-vous à notre sécurité publique à ce
moment ?

Pensiez-vous à notre sécurité publique lorsque vous avez imposé les
conditions de bannissement anticonstitutionnelles, ou lorsque vous avez supporté Gabriel
alors qu’il avait refusé maintes fois toute tentatives pacifistes de résolution
de la crise ? Pensiez-vous à notre sécurité publique lorsque vous avez annoncé
le 5 mai dernier l’intervention de la SQ dans Kanehsatake, ou lorsque vous avez
émis votre commentaire raciste lors de la rencontre du corps de législature le 25 mai? Nous
demandons la sécurité publique de qui avez-vous en tête lorsque vous
fermez les yeux sur le harcèlement de la SQ et de la PMK sur les paisibles résidents de
Kanehsatake qui respectent la loi. Ni nous, ni les gens de Kanehsatake ne
se sentent plus en sécurité avec votre violation des droits à la vie privée en
imposant une surveillance générale et anticonstitutionnelle de la communauté.

Nous, québecois, désirons la paix et l’amitié avec nos voisins et avons été
désonhoréEs par les actions de nos supposés « dirigeants ». À quand le
jour où Québec et Canada vont finalement agir de manière légale et honorable
envers les premières nations de ce pays ? Une telle disgrâce à la paix et la justice
représente à juste titre, une inquiétude significative pour nous.

Présentement, votre interminable discours public d’impliquer ou non la SQ
dans un coup pour supporter James Gabriel ainsi que la police Mohawk de
Kanehsatake, a rendu la tâche très ardue pour la nation Mohawk de résoudre ses problèmes. La SQ
a été une présence dominatrice, en constante et insouciante violation des limites
établies par la communauté pour une relation fonctionnelle. Depuis que James Gabriel
vous a signé le transfer de juridiction pour de telles affaires lors de l’entente
tripartite policière en avril 2004, pourquoi alors n’y a-t-il eu aucune justice pour
un membre de la communauté, Shawn Hurley, qui fût excessivement mis à l’amende par
la SQ, ainsi que faussement arrêté et criminellement agressé par la PMK qui
agissaient clairement en dehors de leur juridiction ? Ils n’avaient même pas de mandat
d’arrestation !

Une intervention de la SQ dans Kanehsatake à ce moment-ci, cristalliserait
finalement pour nous votre manque de sincérité lorsque vous affirmez vouloir
travailler vers une résolution juste et pacifiste des problèmes politiques
avec lesquels la communauté se débat. Nous vous tiendrons personellement
responsable pour la menace publique prévisible qui suivra certainement toute forme de
menace armée à la communauté. Nous vous demandons, sans préjugé, de vous abstenir
d’autoriser la participation de la SQ dans l’éventualité que la PMK et/ou la GRC essayait
de forcer leur entrée dans Kanehsatake.

La nation Kanienkehaka est entièrement capable de résoudre la situation
présente de manière autonome. Nous vous exhortons de laisser la communauté de Kanehsatake
tranquille dans les semaines conduisant aux élections ainsi qu’au delà de
celles-cis.

Signé,

Le Mouvement de Solidarité avec les Peuples Autochtones (IPSM)